[29/12/22] Sauvons la galaxie épisode 1: Quand t'es dans le désert...

Cette journée avait vraiment mal commencé. On était bloqués sur une station après un... petit incident avec une frégate impériale un peu trop grosse pour nous, et la majorité de nos frères n'y avaient pas survécus. Purée, après tout ce qu'on avait traversé ensemble! Maintenant on était quatre, coincés chez les escrocs d'OCG jusqu'à pouvoir trouver un moyen de décoler et de repartir vers l'infini. Toutes ces planètes que je n'aurais jamais le temps de visiter, et ce temps je le gaspille encore à traîner la jambe dans une boite de conserve de l'espace qui n'a même pas de moteur!

Soudain, tout s'est accéléré: un groupe de mutants moches, du genre qu'on ne voit que dans les films d'horreur les plus pourris des coins les plus ringards de la galaxie (ou en une de la propagande dans l'empire galactique bien sûr), a débarqué et s'est mis à tout casser dans la boutique. Heureusement, les autres savaient y faire et les ont vite fait calmés. Emy a d'ailleurs défoncé le crâne d'un des mutants sans même chercher à dégainer! Cette fille est complètement tarée. Mais bon, on l'est tous un peu non? En tous cas, elle gagne à être connue (enfin si tu survis à ta première rencontre). Je me demande si tout le monde à Havana est aussi bourrin? Ca me vend du rêve, faudrait que j'y aille un jour... Et puis non en fait! Si ça se trouve, c'est le même trou à bouseux que le reste. Autant que ça reste un idéal, ça vaudra mieux. Menfin bref, fallait du cran pour sauter sur tous ces mutants pleins de crocs et de griffes et les tabasser à mains nues. C'est un coup à se faire mordre ça... Et après, bon courage pour savoir quelle saloperie tu va choper! C'est un peu comme les problèmes pulmonaires à l'époque où je bossais à l'OCG: tu es sûre d'en avoir un, mais jamais le même que ton voisin. Et de toutes façons comme par hasard à nous tous on avait l'intégrale de ce qui manquait de médocs, ou alors trop cher pour des prolos comme nous. Aaaaah, c'était le bon temps.

Tiens, en parlant de l'OCG, voilà qu'un sous-traitant d'un fournisseur d'un contractuel d'un tiers d'un consultant d'un externe a décidé de se bouger, et que la cavalerie vient compter les corps... et palper les pots-de-vin... et confisquer les armes. Finalement Emy avait raison de se battre à main nue: personne à l'OCG n'a encore pensé à faire payer ses mains. Pas con en fait. Si je leur vendait l'idée contre un petit pourcentage il y aurait moyen de se faire assez pour se poser tranquille quelque part... Plus de risques, une vraie résidence, une petite piscine... Beurk. Ca serait vraiment horrible.

Et quoi encore? Un mouflet nommé Yuri qui nous saute dessus, et nous parle d'une prophétie et de sauver la galaxie... Sérieusement, et moi je suis une princesse de Sol en exil, file moi 200 crédits et un bisou de prince charmant. Bon ceci dit il n'a pas l'air de nous vouloir du fric, mais il veut qu'on le rejoigne à poil dans un coin demain. C'est complètement stupide... mais il n'a pas demandé ça qu'à Kibrille. Et de toutes façons on a rien à nous, surtout après le passage des autres minables de La Loi, La Justice et Le Pognon. Ca ne rend pas son histoire plus intelligente, mais si les autres y vont, j'y vais. Je vais pas les laisser seuls là dedans. Au pire on va taper sur des trucs ensemble, et ça sera marrant. enfin plus marrant que de traîner ici.

Punaise, on n'a pas l'air stupide en cercle à grelotter dans un coin de la station. Le gamin nous a montré une sorte d'étoile avec un infini au milieu. Ou un huit? C'était vraiment trop compliqué de nous donner une orientation sur son plan? Même les pires tocards qui fabriquent les pires contrefaçons de circuits imprimés dans les pires endroits de la galaxie (hors empire bien sûr) savent faire de meilleurs blueprints! Bon, en tous cas on a une grosse cinquantaine de jours pour faire notre coup et revenir. Quel coup au fait?

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Woooh ce voyage... Je suis trop vieille pour ça. Donnez-moi un bon vaisseau là maintenant. J'ai le mal de mer dans un... désert. Désert? Qu'est ce qui s'est encore passé? Quelle chaleur. Et en plus ça tape dur ici. Une colonne? Ou un obé.. obéli... une colonne. Avec de l'eau, des vêtements, et de quoi manger et boire. Voyons... pas de 8 étoilé. Mais une colonne à l'horizon. Kibrille a pris une décision. Il va falloir... marcher?
Malgré la chaleur, je sens une boule froide descendre dans mon estomac. Marcher? Il est fou ou bien? Marcher? Déja que je fais une pause café pour aller entre la salle des machines et la passerelle! Marcher? C'est pas lui qui va se traîner 100kg de bras habitués à manier des visseuse et de matière grise garnie de blueprints et de diagrammes de consommation en plein cagnard. Bon ok et un peu 100kg de malbouffe. Marcher? Avec une pauvre cape comme pare-soleil? Marcher? Hors de question, plutôt me laisser crever sur place.
Je m'écroule sur le sable et commence à sangloter après quelques centaines de mètres. Le soleil tape comme jamais. Je n'ai plus de souffle. Laissez tomber, c'est fini pour mamie Cél. Si vous me laissez, au moins les charognards ne vous harcèleront pas pendant quelques jours, le temps de me finir. Je sens quelqu'un qui s'approche et me soulève. Qui me porte sur ses épaules. C'est Emy. La brave petite. C'est pour ça que j'ai quitté l'OCG: ici, on est une vraie équipe, personne ne vous lache. Mais elle était vraiment pas obligée, elle au moins a sa vie devant elle (et elle a déja vu Havana, donc elle ne risque plus la déception).

Je me suis fait traîner pendant des jours. Le soir, j'essayais d'aider à monter le camp, autant que je pouvais. Une colonne brillante. Puis une autre. Toujours le même paysage. J'ai pas signé pour ça. C'est la mort. Rien ne change jamais ici: du sable, du rocher, du sable, du rocher. J'ai pas signé pour ça. Sauver la galaxie, ok, mais pas se traîner dans un bac à sable gant pendant des jours. Le temps semble se dilater. Même dans mon atelier au fin fond d'une mine de l'OCG c'était plus varié. J'en peux plus. Je vais devenir folle. Et le pire c'est que je marche même pas! Comment fait Emy? Comment font-ils tous?
Finalement un changement: une falaise. Moi qui me plaignait de la monotonie. JD est monté, et m'a tirée. Emy et Kibrille poussaient. Finalement je suis arrivée au sommet, plus morte que vive.

A boire... J'en peux plus... Même en se servant sur les colonnes, on arrive à bout de nos ressources Finalement, un point sur l'horizon est apparu. Une oasis, avec des tentes. On va enterrer nos vêtements et armes récupérés au pied les colonnes, des fois que ça ne plaise pas aux indigènes, et puis on va aller les voir. Bon, pas enterrer les armes trop loin non plus hein. Il ne manquerait plus que les locaux ne soient pas coopératifs. Là ça pourrait servir.

Finalement on y est allé. On a envoyé Kibrille (ou Chat-huant, comme il aime s'appeler, j'ai pas compris) les baratiner. Il leur a sorti une sombre histoire de prophétie,, et il les a embobinés de façon magistrale. Ils nous ont escorté voir la grande prêtresse. Et là... j'ai pas compris. Ce type est un vrai magicien. On vient de passer pas loin de 2 semaines sans prendre un bain, sans se raser ni se peigner, on est à poil, et en un clin d'œil et un tortillement de moustache, il l'a emballée. Hallucinant. Bon, je ne vais pas me plaindre: au moins on a reçu des vêtements et des lits, et on est vu comme des quasi-dieux par ces péquenots. Si on m'avait dit que j'avais une gueule de déesse... Bon on va dire que en moyenne dans l'équipe (Kibrille inclus), il y a plus mal roulé ailleurs dans la galaxie.

La prêtresse folle amoureuse de notre bellâtre numéro 1 nous a indiqué une épave de vaisseau un peu plus loin. Un beau vaisseau, reste d'un débarquement de l'empire, le genre qui peut voyager loin et pour pas trop cher. Une belle bête quoi. Seul problème: la bête en question est en ruine au milieu du désert depuis pas mal de temps. Et elle a des fuites radioactives, pour ne rien arranger.

Et qui c'est qu'on envoie? Toujours Cél, aka bibi. M'enfin, ne t'inquiète pas ma beauté, tu es entre de bonnes mains; maman est là et va bien te réparer. Tu vas arrêter de moisir ici, et tu seras comme neuve. Oui Madame, tout juste sortie d'un chantier spatial! On va voir du pays toi et moi. *tousse* C'est pas une ou deux fuites radioactives qui vont nous empêcher de prendre du bon temps ensemble! Et de toutes façons j'aurais déjà pu mourir dix fois dans le désert. Alors un petit cancer pour mon 60ème anniversaire? *tousse* D'ici là j'aurai crevé dix fois d'autres chose. Non, tout compte fait autant que ça soit mémé Cél qui fasse le ménage dans le vaisseau, plutôt que tous ces jeunots. De toute façons on est tous dans la même galère, et sans moi pour te réparer, la galaxie est foutue bien avant mon cancer *tousse*.
Et puis... on ne va pas se mentir, ils sont bien gentils les autres, mais niveau dépannage ça vaut rien. Alors autant que chacun fasse son boulot: le bellâtre emballe les prêtresses des planètes désertiques, la mécano répare *tousse*, le pilote pilote ce que la mécano a réparé, et la soldate... ben la soldate sauve la mémé mécano perdue dans le désert. Finalement on a tous un rôle à jouer ici. C'est ça une vraie équipe de pros. Menfin vivement que la galaxie soit sauvée, qu'on puisse se barrer ailleurs voir si *tousse* il y a moins de sable... et moins de radiations.

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Et voilà le travail! On a fait une grosse fête pour la rebaptiser. Et maintenant la Clotilde est prête à décoller. JD est aux commandes, le moteur se met à vrombir. Tout le monde a l'air inquiet. Pas moi. C'est ma Cloclo. Mon bébé. *tousse* J'ai pu sentir exactement à quel coup de marteau pour redresser un arbre à came désaxé elle était en état pour décoller. Ce moment où je lui ai rendu la vie. Et ce moment, c'était il y a bien longtemps. Depuis ma Cloclo était opérationnelle. Mais elle n'était pas parfaite. Maintenant elle est parfaite. Oui, parfaite. Ca c'est une bonne Cloclo! On pourrait aller au milieu d'un trou noir qu'elle tiendrait le choc *tousse* la Cloclo. C'est une vraie survivante, comme sa maman. Et maintenant voilà que son moteur accélère, qu'elle se prépare à décoller. Vas-y ma grande, maman est fière de toi. LEVE TOI ET VOLE!

Nous avons quitté l'atmosphère sans problème, et mis le cap vers l'Œil du Vide, un trou de ver pompeusement nommé par JD et sa carte. Apparemment il faut réunir deux morceaux d'une bannière pour accéder à un remède universel qui empêchera les gens de se transformer en mutants bleus ringards. J'aurais pas dû y penser: j'ai envie de rire et de pleurer à la fois en essayant de comprendre. *tousse* Mais après tout peu importe. Nous avons quitté le sol, et sommes au beau milieu de l'espace. Une mince cloison, et le vide et la mort derrière. Et moi, avec ma grande fille en pleine forme.

Cette nuit, pour une fois, j'ai bien dormi. J'étais chez moi. J'étais à la maison, au milieu des pistons qui gazouillaient, des conduites qui sifflaient, des courroies qui pépiaient. Mon gros bébé était heureux tout autour de moi, et savait ce qu'il faisait. Une fois de plus on m'avait donnée un tas de ferrailles et quelques outils. Et avec ça, j'avais créé... la vie.
Dans mes rêves, une salle est apparue, avec une clef. C'était là qu'il fallait aller. Tout est devenu clair dans mon esprit. Au matin j'en ai discuté avec l'équipage, et j'ai donné les coordonnées à JD. Ils étaient tous sceptiques, et je l'aurai probablement été aussi à leur place, mais ils m'ont suivi.

Et on est rentré dans ce fichu Œil du Vide. Pas mal d'obstacles, mais avec JD à la barre et Cloclo qui pousse, tout s'est passé presque sans accroc. Mmmhhh cette odeur. Ca sent... l'ozone? je n'avais jamais senti ça avant. Bon ben ça me fera une nouvelle sensation à ajouter dans ma liste, en attendant la prochaine. Les autres peuvent bien se moquer, je sais bien que je suis *tousse* capable de reconnaître chaque système qu'on a visité juste avec l'odeur de la salle des machines.

Et soudain, tout a été comme dans mon rêve! J'ai reconnu cet endroit. Nous avons plongé dans un champ volcanique, puis nous avons parlé à la bannière. La pauvre était toute déboussolée, mais j'ai su trouver les mots pour la réconforter, et elle a accepté de nous rejoindre. Il ne reste plus qu'à trouver la deuxième moitié, planquée dans un fort peuplé de connards de l'empire, les assembler, les ramener à leur place, trouver la clef associée, et sortir le remède. Ensuite on le répand et la galaxie est sauvée. Du gâteau pour un équipage comme le nôtre. De toutes façons, dès que j'ai senti le sol de mon bébé vibrer sous mes pieds, j'ai su qu'on avait fait le plus dur. Maintenant, on est à la maison où qu'on aille, après tout... *tousse*